Europe : y aura-t-il moins d’importations de PE sur la fin d’année ?

9 novembre 2020
Prix du plastique
Les habituels cargos de polyéthylène importés en Europe depuis les Etats-Unis ont quasiment disparu depuis le mois d’août dernier. Cela s’explique par les délais logistiques d’abord causés par les ouragans puis par les dégâts qu’ils ont entraînés sur les infrastructures du Golfe du Mexique.

L’arrêt des exportations de PE vers le reste du monde a à la fois provoqué des hausses de prix successives en Asie et en Moyen-Orient et le ralentissement de la chute des prix en Europe aux mois de septembre et d’octobre.

2020 aurait pu être une année record pour les exportations de PE

Les Etats-Unis ont en effet exporté des quantités records de PE entre janvier et août 2020, bien avant que la saison des ouragans ne survienne et ne sème la zizanie au sein des sites de production basés tout le long du Golfe du Mexique. Près de 7 millions de tonnes de polyéthylène ont été exportées au cours des huit premiers mois de l’année, soit un million de tonnes de plus par rapport à la même période de l’année précédente.

Les choses se sont cependant inversées dès le mois de septembre, les événements météorologiques majeurs survenus aux Etats-Unis ayant eu un fort impact à la fois sur la production et la demande locales d’éthylène. Ces variations d’activité ont évidemment influencé la chaîne de valeur du polyéthylène et sensiblement freiné la production de volumes voués à être exportés. Les ouragans ont également mis un coup d’arrêt aux acteurs logistiques basés dans la région.

Situation du marché du PE après les ouragans

Les ouragans ont depuis pris fin et les dégâts qu’ils ont causés ont été évalués. La plupart des sites étasuniens de production d’éthylène qui ont été touchés ont pu redémarrer sans rencontrer de problème, et la production de C2 excède désormais la demande de PE.

Ce déséquilibre a incité les producteurs locaux d’éthylène à exporter une partie de leurs volumes vers l’Asie, et en particulier vers la Chine, ce qui a pour effet de faire baisser les prix du monomère dans cette région du monde.

Plusieurs sites de production de polyéthylène basés dans le Golfe du Mexique ont en revanche eu des difficultés à redémarrer depuis septembre. Certains arrêts ont même perduré pendant tout le mois d’octobre.

Sites de production de PE encore arrêtés début novembre :

  • PEBD : Arrêt chez LyondellBasell à LaPorte (Texas)
  • PEBD : Force Majeure chez Wastelake à Lake Charles (Louisiane)
  • PEBD : Réduction de la production chez Dow à Plaquemine (Louisiane) et Orange (Texas)
  • PEBD-L : Arrêt chez Formosa à Point Comfort (Texas)
  • PEBD-L : Réduction de la production chez Dow à Plaquemine (Louisiane)
  • PEBD-L : Réduction de la production chez LyondellBasell à LaPorte (Texas)
  • PEBD-L : Force Majeure chez Sasol à Lake Charles (Louisiane)
  • PEHD : Forces Majeures chez Chevron Phillips à Orange et Pasadena (Texas)
  • PEHD : Arrêt de production chez Formosa à Point Comfort (Texas)
  • PEHD : Réduction de la production chez Ineos à LaPorte (Texas)
  • PEHD : Force Majeure chez Sasol/Ineos à LaPorte (Texas)

Quel futur pour les exportations de polyéthylène ?

Les importations européennes de polyéthylène produit aux Etats-Unis n’ont pas drastiquement augmenté pendant l’automne. Les différents arrêts de production détaillés ci-dessus laissent également entendre que les offres des pétrochimistes étasuniens risquent de ne pas être faites à des prix compétitifs, comme c’était le cas auparavant.

Le démarrage de millions de tonnes de capacités de production annuelles au cours des quatre dernières années, conjugué à la guerre commerciale sino-américaine, avait entraîné une énorme augmentation des volumes exportés vers l’Europe. Comme pour les pétrochimistes européens, on pouvait observer une volonté de destockage de la part des fournisseurs basés aux Etats-Unis entre octobre et décembre, et ce à l’aide de politiques de prix particulièrement agressives, aux détriments des recycleurs de matières plastiques.

Ce comportement risque de ne pas être observé cette année. En effet, la tempête Zeta, qui a été classée de catégorie 2, s’est abattue sur le Golfe du Mexique. Elle pourrait entraîner l’arrêt des crackers d’éthylène et des lignes de production de PE de LyondellBasell et de Sasol en Louisiane.

Les stocks étasuniens de polyéthylène ne seront donc pas importants pour la fin d’année. A cela s’ajoute la faiblesse de la demande européenne pour ce matériau, causée par les inquiétudes et le ralentissement économique liés à l’évolution de la crise sanitaire. L’absence des volumes produits aux Etats-Unis dans les ports européens permet donc aux producteurs locaux de tenter d’augmenter leurs prix. Pas sûr qu’ils y parviennent de façon significative pour autant.

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