Prix du plastique : un hiver particulièrement rude en vue pour les marchés du PVC
L’hiver s’impose traditionnellement comme la « basse saison » pour le marché européen du PVC, puisqu’il s’accompagne généralement d’un ralentissement de l’activité pour les plus importants de ses marchés finaux. Ce sera, cette année encore, le cas pour les marchés du bâtiment, des travaux publics et de l’agriculture. L’inflation vient toutefois peser sur d’autres marchés prégnants pour ce matériau, comme celui du bricolage, certains segments de l’emballage, les matériels et équipements de sport ou encore le jardinage.
Quels effets l'inflation a-t-elle sur les prix du plastique ?
L’inflation qui secoue actuellement l’Europe impacte lourdement le pouvoir d’achat des consommateurs. Paolo Gentiloni, le commissaire européen pour l’économie, indiquait mi-novembre que la situation économique de l’UE s’est nettement dégradée en 2022. Selon lui, l’inflation devrait atteindre 9,3% en moyenne en 2022 pour l’UE, contre 8,5% pour la zone euro.
Paolo Gentiloni a également insisté sur le fait que l’UE « est parmi les économies avancées les plus exposées aux augmentations de prix, du fait de sa proximité géographique avec la guerre en Ukraine et sa dépendance importante au gaz naturel russe ». Si les prix devraient commencer à baisser en 2023, l’inflation devrait demeurer importante, avec un taux moyen estimé à 7% pour l’UE dans son ensemble, et à 6,1% pour la zone euro.
Ces prévisions sont toutefois basées sur le postulat que le conflit russo-ukrainien ne tendra ni vers une normalisation, ni vers une escalade au cours de l’année prochaine, et que les sanctions à l’encontre de la Russie seront maintenues.
Un rebond de la demande européenne de PVC parait donc peu probable cet hiver, d’autant plus que les prix se maintiennent à un niveau très élevé, malgré les récentes baisses. D’après les résultats de l’édition d’octobre du Baromètre des Matières Plastiques (BMP) de Polyvia, les prix français du PVC émulsion ont atteint 2368€/tonne en octobre 2022, contre 1868€/tonne pour les PVC suspension. Les prix du PVC émulsion et du PVC suspension sont donc respectivement 70,9% et 25,5% plus élevés qu’en janvier 2020, toujours selon les données du BMP de Polyvia.
En somme, les prix du PVC ne sont pas près de retrouver leur niveau d’avant crise. De quoi refroidir un peu plus la demande, puisque les plasturgistes sont confrontés à d’autres facteurs de hausse de leurs coûts de production (électricité, logistique, stockage…). Ces hauts niveaux de prix constatés en Europe sont également les plus élevés au monde. Les autres marchés ont en effet plus ou moins retrouvé leurs niveaux de prix d’avant crise.
Prix du PVC : l’Europe, un marché particulièrement intéressant pour le reste du monde
Les producteurs locaux de PVC ne doivent pas seulement composer avec le ralentissement de la demande des plasturgistes et des marchés finaux. Ils doivent aussi conjuguer avec des volumes d’importation de PVC proposés à bon prix. Certains traders chercheraient à vendre des lots en provenance des Etats-Unis et d’Egypte à moins de 1000€/tonne en novembre. A noter que ces volumes n’arriveront pas en Europe avant l’année prochaine.
Un phénomène d'autant plus inquiétant que la pétrochimie est déjà dans le rouge en Europe, et que les arrêts et les réductions de production ont tendance à se multiplier depuis cet automne.