Il s’agit aussi bien d’investissements pour la construction de sites de recyclage chimique sur le territoire européen, que de travaux de R&D ou de créations de partenariats entre startups et pétrochimistes.
En somme, la production de polymères vierges en Europe est menacée à moyen-terme, et les plasturgistes dont les applications ne permettent pas l’utilisation de matières plastiques recyclées, tant en termes de critères normatifs pour les matériaux issus du recyclage mécanique que de prix pour ceux issus du recyclage chimique, s’en trouvent vulnérabilisés.
Ces arrêts de production en aval de la chaîne de valeur de la pétrochimie ont entraîné une chute rapide de la demande européenne de polymères vierges. Les pétrochimistes ont donc souvent fait le choix d’arrêter leurs lignes de production, à la fois pour s’adapter à la diminution ponctuelle du nombre de commandes, mais aussi en raison de la réduction des effectifs pouvant être présents sur site.
Comme évoqué plus haut, de nombreux complexes pétrochimiques européens où sont produits des polymères souffrent d’obsolescence. La fin du premier confinement a entraîné des tentatives de redémarrage de ces derniers. Si certaines se sont bien passées, plusieurs ont fait l’objet d’incidents plus ou moins graves (pannes électriques, incendies, apparition de fissures sur les pipelines…). Ces arrêts imprévus ont souvent conduit les pétrochimistes à déclarer des cas de Force Majeure sur leur production de polymères, avec de nombreux problèmes sur les polyoléfines et les PVC en particulier. Un phénomène comparable s’est également produit au niveau de la chaîne de production des monomères en Europe. L’ensemble de ces difficultés a commencé à entraîner des pénuries. Les pétrochimistes dont les sites fonctionnaient normalement peinaient à s’approvisionner en monomères et ne pouvaient donc pas produire autant de polymères que d’habitude, et plusieurs sites étaient paralysés par des pannes.
La sortie du second confinement s’est assortie de phénomènes similaires, tant sur la chaîne de production des monomères que des polymères. La pénurie était alors devenue mondiale. Le redémarrage économique de la Chine, survenu plus tôt que pour le reste du monde, s’est caractérisé par un appétit vorace pour les polymères. La production asiatique de polymères ne suffisant pas à couvrir les besoins chinois, il s’en est suivi un phénomène d’importations massives de matériaux produits en Europe et aux Etats-Unis.
En effet, l’explosion de la demande chinoise a engendré une différence de prix importante entre la Chine et l’Europe, et plusieurs fournisseurs européens ont fait le choix d’exporter pour en profiter. La pénurie s’est donc aggravée sur notre territoire.
Le mois de février 2021 a également été le théâtre de la tempête Uri dans le Golfe du Mexique, où se situent la plupart des complexes pétrochimiques des Etats-Unis. Ces derniers n’ayant pas été conçus pour affronter des températures inférieures à 0°C, l’épisode de gel intense qu’a connu la région a entraîné d’importants dégâts. Des dizaines de Forces Majeures sur l’ensemble de la chaîne de production des polymères ont été déclarées en seulement quelques jours, sur un marché déjà en situation de pénurie. Ici aussi, les Etats-Unis ont tenté d’importer des matériaux produits ailleurs dans le monde, notamment en Europe.
En plus de la priorisation du marché chinois par de nombreux fournisseurs, qu’ils soient basés en Europe, en Asie, au Moyen Orient ou en Amérique du Nord, le marché européen des polymères a également souffert de la crise du fret maritime. Celle-ci a en effet participé à la réduction drastique des importations de polymères en Europe, et le marché ne saurait être soulagé tant que les volumes importés ne retrouvent leurs niveaux d’avant crise.