Le 6ème mois de hausses de prix consécutives pour les polyoléfines
Les marchés européens du PE et du PP ont été le théâtre de hausses de prix dramatiques entre le dernier trimestre 2020 et la fin du mois de mars. Les prix moyens du PEBD injection ont par exemple augmenté de 680 euros/tonne (+56%) au cours des 6 derniers mois, et ceux des PEBD film de 780 euros/tonne (+61%) environ sur la même période.
On a également observé une hausse cumulée d’environ 450 euros/tonne (+34%) pour les PEHD injection. Les prix des PP homopolymères ont quant à eux enregistré une hausse cumulée de 540 euros/tonne (+43%) entre novembre 2020 et mars 2021, contre une augmentation de 670 euros/tonne (+52%) pour les PP copolymères. Des augmentations de prix de 150 euros/tonne ont été annoncées pour les PVC.
Une offre de polyoléfines à priori insuffisante en avril
De nouvelles hausses de prix sont malheureusement attendues pour avril. Les pénuries de matériaux sont en effet toujours d’actualité et les cours des monomères ont augmenté en début de mois. Le cours de l’éthylène a ainsi augmenté de 40 euros/tonne début avril, et celui du propylène de 45 euros/tonne. La situation de l’offre, drastiquement sous-capacitaire depuis des mois, devrait entraîner des augmentations de prix des polymères bien supérieure à la variation du cours des monomères.
A cela s’ajoutent les deux cas de Force Majeure récemment déclarés par Ineos. L’un concerne la production de PEHD du complexe de Lillo, à Anvers. Le site aurait été frappé par une importante panne électrique. Les livraisons des grades pour le soufflage (procédé utilisé dans la fabrication d’emballages, de citernes, de réservoirs, de jouets et plus globalement de pièces creuses) et des grades pipe (pour la fabrication de canalisations et de tuyaux) est impactée. Les gammes concernées sont les PEHD “Rigidex HD5502S”, “Rigidex HD6007S”, “Rigidex HM4560UA”, “Rigidex HM5420XPH”, “Rigidex HM5420P”, “Rigidex K3820”, “Eltex LGB263N2070”, “Eltex TUB171” et “Eltex TUB172”.
Le second cas de Force Majeure concerne le site de production de PEBD-L métallocène (utilisé par exemple dans la fabrication de films plastiques) du site de Cologne d’Ineos, qui fait l’objet d’un arrêt imprévu depuis le 30 mars dernier. Les tentatives de redémarrage effectuées depuis auraient échoué.
Vers une stabilisation des prix en mai ?
Il est donc fort à parier que les hausses de prix des polyoléfines en avril seront une nouvelle fois à trois chiffres. Certaines prévisions mettent déjà en avant des augmentations de 200 euros/tonne du fait des pénuries régionales et du cruel manque d’importations.
Il s’agit désormais de savoir si les prix atteindront ou non leur plafond au mois de mai. Il est possible que certains sites de production de PE et/ou de PP arrêtés dans le cadre de maintenances aient redémarré et retrouvé un rythme de production normal d’ici là. Les importations retardées par le fameux blocage du Canal de Suez devraient également arriver à bon port d’ici le mois prochain. Des cargos de PE en provenance du Moyen Orient se sont en effet vus retardés par cet incident.
L’Europe a su attirer les importations de polyoléfines, et notamment de polyéthylène produit aux Etats-Unis, au cours des dernières années de part ses niveaux de prix relativement élevés par rapport au reste du monde. Le redémarrage de l’économie chinoise a radicalement changé la donne depuis fin 2020, et l’Asie est rapidement devenue la destination privilégiée des exportations de polyoléfines des grands producteurs mondiaux (reste de l’Asie, Moyen-Orient, Amérique du Nord et même l’Europe si l’on en croit certains articles). La tendance pourrait cependant changer une fois de plus.
Comme évoqué plus haut, les prix européens des polyoléfines ont explosé, rendant la région à nouveau attractive pour les producteurs et fournisseurs basés ailleurs dans le monde. C’est la raison pour laquelle certains acteurs européens s’attendent à un retour des volumes à l’import d’ici mai ou juin 2021.
Un autre facteur pouvant favoriser la stabilisation des prix européens du PE et du PP est également l’incapacité des plasturgistes à payer toujours plus cher leurs matériaux. La demande pour les polyoléfines semble en effet se fragiliser de semaine en semaine puisque les transformateurs n’ont plus la trésorerie nécessaire pour acheter à des prix qui, s’ils ne l’ont pas déjà dépassé, s’approchent dangereusement du seuil des 2000 euros/tonne.
Nombreux sont en effet les adhérents de Polyvia, et plus généralement les plasturgistes européens, qui rencontrent des difficultés à reporter ces hausses de prix sur leurs clients. Certains plasturgistes ont confié à notre syndicat avoir été contraints d’arrêter des lignes de production dans le pire des cas, ou bien de reporter des commandes de plusieurs semaines. Les vacances de Pâques seront peut-être l’occasion pour certains de ralentir leur production, et donc d’acheter moins.