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17 septembre 2024 - 10H Visioconférence
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Comme évoqué plus haut, la demande européenne de PE n’est pas au rendez-vous à la rentrée. La majorité des fournisseurs se sont contentés d’accorder des rollovers sur les marchés spot, afin de maintenir leurs marges, mais certains ont accepté de baisser légèrement leurs prix afin d’inciter les acheteurs à passer des commandes.
Les fournisseurs européens de polyéthylène se montrent en effet récalcitrants à baisser leurs prix. Pourtant, plusieurs indicateurs de marché pointent vers des baisses de prix : ralentissement de la demande, retour de l’offre à un niveau normal, des marges très satisfaisantes le long de la chaîne de valeur du PE et des niveaux de prix élevés depuis plusieurs mois pour l’ensemble des grades. Derrière leur refus apparent d’accorder des chutes de prix significatives se cachent en fait les niveaux de prix pratiqués dans les autres régions du monde et le manque d’attractivité des matériaux importés.
Les prix des PE produits ailleurs qu’en Europe ont en effet augmenté en septembre. Les hausses de prix des grades produits en Amérique du Nord s’expliquent en partie par les arrêts de production causés par l’ouragan Ida et la tempête tropicale Nicholas. Elles résultent d’autre part de l’augmentation insatiable des cours du fret maritime international, qui impacte également les prix des grades produits en Asie ou ailleurs dans le monde.
L’écart de prix est tel que les matériaux produits en Europe constituent la « moyenne basse » des prix proposés sur notre marché. Les fournisseurs locaux n’ont donc pas à faire varier leurs prix pour s’aligner sur les compétiteurs étrangers, et ce même si l’écart de prix en question s’est quand même réduit au cours des dernières semaines.
Deux facteurs sont donc à surveiller au cours du prochain mois afin de tenter de déterminer dans quelle direction des prix du PE vont s’orienter cet automne. La disponibilité des grades produits hors Europe est importante. Le déclin de la demande, s’il perdure, va exercer une pression non négligeable sur leurs prix, et potentiellement les rendre un peu plus compétitifs. Les stocks de matériaux d’importation pourraient toutefois fondre rapidement. Les traders européens évitent en effet d’importer des volumes importants afin d’éviter de payer la hausse des coûts logistiques.
A cela s’ajoute la fragilité des stocks européens de plastique. Les producteurs ont en effet levé de nombreux cas de Force Majeure et ont pu reprendre leur production normalement. Les pénuries qu’ont connu les plasturgistes pendant près d’un an ont cependant réduit les stocks à zéro, et il faudra plusieurs mois pour les reconstituer. Le déclin de la demande pourrait accélérer cette démarche.
L’offre européenne de polyéthylène s’est nettement améliorée par rapport au mois d’avril dernier. Il ne subsiste aujourd’hui qu’un cas de Force Majeure en Belgique pour les PEHD, un en Allemagne pour les PEBD-L et trois pour les PEBD – en Espagne, en Allemagne et au Royaume-Uni. Des maintenances ont bien cours, mais la plupart sont localisées en Europe de l’Est et en Russie, et n’impactent donc pas directement les acheteurs de PE basés à l’ouest du continent.
Le marché européen du PEBD-L est presque revenu à une situation normale. Une douzaine de sites de production sont touchés par des arrêts, qu’il s’agisse de Forces Majeures, de maintenances ou de réduction des volumes produits. Moins de 10% des capacités annuelles étaient signalées comme indisponibles fin septembre. La situation est plus grave pour les marchés du PEHD et du PEBD, pour lesquels moins de 80% des capacités de production annuelles étaient inactives fin septembre.
La situation est donc loin d’être idéale, mais elle laisse plus de marge aux plasturgistes pour s’approvisionner. L’offre locale de PE devrait vraisemblablement continuer à s’améliorer en octobre, à moins que d’autres arrêts ne soient annoncés en Europe.
Le marché européen du polyéthylène devrait maintenir son équilibre en octobre, avec d’une part des volumes d’importation réduits et d’autre part des niveaux de prix très élevés. En effet, les prix des grades PEBD injection et film se situaient au-dessus de 2000 euros/tonne en septembre 2021. Pour rappel, le cours de l’éthylène s’était fixé à 1165 euros/tonne en début de mois, après avoir enregistré une légère baisse.
Les prix du PEBD-L, bien que plus bas, étaient tout de même élevés : entre 1700 et 2000 euros/tonne pour les grades C4. Les grades C6 et C8 se situaient quant à eux bien au-dessus de la barre des 2000 euros/tonne. Les prix des PEHD injection, film et soufflage orbitaient entre 1800 et 1900 euros/tonne, tandis que les grades pipe 100 (utilisés pour la fabrication de canalisations) ont continué leur ascension et ont depuis longtemps dépassé 2200 euros/tonne.
Ces niveaux de prix n’encouragent pas les plasturgistes européens à passer commandes, et ils ont tendance à n’acheter que les quantités qui sont nécessaires au bon déroulement de leur activité. Il est peu probable que leur comportement ne change tant que les prix du plastique ne chutent pas véritablement.
Obtenir d’importantes baisses de prix semble toutefois compromis. Les importations de PE produit aux Etats-Unis, au Moyen Orient ou encore en Asie sont compliquées par l’explosion des coûts logistiques et l’allongement des délais de livraison. Dans le cas particulier de la production de PE des Etats-Unis, il ne faut pas compter sur des exportations car la demande locale va accaparer les quelques volumes encore produits par les sites qui n’ont pas été impactés par les récents événements climatiques évoqués plus haut.
En somme, les prix du PE ne devraient pas augmenter en octobre, voire cet automne. Il parait plus raisonnable de miser sur des prix stables le mois prochain, avec d’éventuelles baisses de prix accordées ça et là par des fournisseurs qui n’arrivent pas à trouver preneur.