Prévisions de prix pour le polyéthylène (PE) en 2023
L’étude à long-terme du marché européen du PE révèle que les prix du plastique se sont, au moins partiellement, décorrélés de l’évolution du cours de l’éthylène. Il est donc difficile de déterminer avec exactitude la direction que les prix emprunteront. Les fournisseurs européens de PE se sont notamment appuyés sur l’augmentation du cours de l’éthylène début novembre pour tenter d’obtenir des hausses de prix pour leurs matériaux. Tous n’ont pas réussi, loin de là.
- La demande est ambivalente : certains segments tournent à plein régime alors que d’autres connaissent un ralentissement important. On observent en effet une hausse de la demande de films agricoles et de plaques PE, alors que les segments utilisant de l’EVA (films muticouches, tubes…) ont tendance à voir leur activité ralentir.
- Certains segments de marché sont « captifs » de la production européenne car les donneurs d’ordre demandent à faire homologuer les grades utilisés par leurs sous-traitants. C’est souvent le cas de l’emballage pharmaceutique et agroalimentaire, par exemple. D’autres plasturgistes peuvent en revanche se permettre d’importer du PE depuis l’Asie car ils ne sont pas contraints par leurs clients.
- Les réductions de production de PE sont de plus en plus nombreuses en Europe.
L’hiver 2023 devrait donc s’accompagner d’une pression baissière assez importante sur les prix du PE. La demande est en effet bien couverte par les volumes produits en Europe et ceux disponibles à l’importation.
Il sera toutefois très difficile pour les producteurs européens de continuer à pousser des hausses de prix pour le PE si la baisse des cours de l’électricité et du gaz naturel perdure au cours des prochains mois. L’enjeu sera alors de stabiliser les prix du matériau afin de préserver leurs marges.
La fin de la politique Zero-Covid en Asie laisse également entendre que les volumes importés depuis l’Asie risquent de diminuer à terme. Ce phénomène dépendra étroitement du rebond de la demande chinoise. Si celui-ci est fort, les volumes risquent de tarir rapidement. S’il est moins important qu’espéré, les traders asiatiques continueront à exporter du PE vers l’Europe.
Dans tous les cas, les prix européens du PE devraient se maintenir à un niveau assez élevé en 2023, et ce pour deux raisons. D’une part, les producteurs locaux vont faire en sorte de préserver leurs marges, quitte à amputer les volumes de production. D’autre part, une baisse trop rapide et trop importante des prix européens risque de dissuader les traders basés dans d’autres régions du monde, et donc de peser sur les volumes à l’import.
Prévisions de prix pour le polypropylène (PP) en 2023
Comme dans le cas du PE, les producteurs européens de PP ont tenté de profiter de la légère hausse du cours du propylène en novembre 2022 pour imposer des hausses de prix à leurs clients. Ces velléités d’augmentation ont toutefois été limitées par les volumes de PP importés, ces derniers étant proposés à prix compétitifs.
- On observe une pression importante sur la production européenne de PP, avec de nombreux site à l’arrêt, ou qui produisent moins que d’ordinaire.
- La production de PP n’est pas parmi les plus électro-intensives, mais de nombreux sites clés sont situés en Allemagne, où la rumeur veut que les pétrochimistes privilégient les achats spot d’électricité et de gaz naturel. Ce qui sous-entend que chaque hausse des cours de l’énergie est durement ressentie.
- La demande de PP connait actuellement un fort ralentissement, et aucun redécollage significatif n’est attendu après les fêtes de fin d’année
- Le retour des importations est synonyme de retour de la concurrence
La pression actuellement exercée sur l’offre est telle que les producteurs de PP n’auront d’autre choix que de baisser leurs prix, au moins au cours des premiers mois de l’hiver. Ils s’en tireront, au mieux, avec des rollovers.
Les importations devraient continuer à arriver sur le sol européen dès lors que les prix locaux du PP se maintiennent à un niveau plus élevé que ceux pratiqués en Asie et au Moyen-Orient. Les fournisseurs locaux seront donc encouragés à s’aligner sur leur concurrence.
Un possible redémarrage de la production industrielle au printemps ou à l’automne 2023 pourrait donner lieu à une stabilisation des prix. Une demande forte pourrait quant à elle ouvrir la voie à des hausses de prix, si tant est que la production européenne de PP n’ait pas redémarré d’ici là.
Ici aussi, une baisse trop importante des prix européens pourrait dissuader les importations de PP, et donc permettre aux producteurs locaux de mieux en contrôler les prix.
Prévisions de prix pour le polyéthylène téréphtalate (PET) en 2023
Les producteurs européens tentent actuellement de stabiliser le marché, et donc de maintenir les prix du PET, mais la demande n’est clairement pas au rendez-vous. Les fournisseurs européens sont en effet confrontés aux coûts élevés de leurs matières première et de l’énergie, ainsi qu’au retour des importations de PET.
- L’offre est de plus en plus réduite, mais la demande est absente. Il n’y a pas d’issue en vue à cette situation à l’heure actuelle.
- L’exercice de prévision des structures de coût devient de plus en plus difficile pour les producteurs de PET, les négociations pour les contrats sur le paraxylène se concluant de plus en plus tard dans le mois
- Si les importations de PET sont là, elles sont néanmoins limitées. Les perspectives sont également mauvaises pour la demande sur le début d’année 2023, ce qui ne devrait pas encourager une augmentation des volumes à l’import.
La pression baissière sur les prix du PET est très importante et les producteurs ne contrôlent plus les marchés situés en amont de la chaîne de valeur du matériau. Il faut donc s’attendre à de nouvelles baisses de prix cet hiver, que les fournisseurs vont toutefois tenter de limiter.
Les quantités importées n’étant pas énormes, il convient de surveiller activement le niveau de l’offre européenne de PET pour en anticiper les mouvements de prix. Si les réductions de production se multiplient, les prix devraient se stabiliser, voire remonter un peu. Ce scenario est d’autant plus probable si l’hiver est froid.
Prévisions de prix pour le PVC en 2023
Le cours de l’éthylène ne suffit plus à lui seul pour déterminer les tendances de prix du PVC en Europe. Il faut également surveiller le niveau de la demande et la compétition à l’internationale.
- Les négociations des contrats d’achat pour le PVC en 2023 se sont nettement complexifiées par rapport aux années précédentes.
- Il n’y aura a priori pas de rebond de la demande PVC au cours de l’hiver, et un redémarrage fort de la demande pour ce polymère n’est également pas attendu au printemps et à l’été 2023, du fait des mauvaises perspectives du secteur du bâtiment. C’est donc une année 2023 en demi-teinte qui s’annonce sur ce front.
2023 devrait donc s’amorcer sur une tendance nettement baissière pour les prix du PVC, celle-ci étant soutenue par des volumes importés proposés à très bas prix. Dans la mesure où la consommation européenne de PVC ne devrait pas reprendre de sitôt, on peut anticiper un mouvement baissier sur l’année. Cela ne signifie pas pourtant autant que chaque mois verra survenir des baisses de prix à trois chiffres.
Les producteurs locaux cherchent en effet à limiter sensiblement les volumes qu’ils mettent sur le marché. Comme pour les autres matériaux, si les baisses de prix sont trop importantes, certains traders à l’import pourraient décider d’envoyer moins de volumes vers l’Europe. De quoi redonner la main aux fournisseurs européens.
Prévisions de prix pour le polystyrène (PS) en 2023
Quand le cours du styrène repart à la hausse, il a, ces derniers temps, tendance à le faire timidement et ces légères augmentations ne se ressentent pas sur les prix du PS, qui continuent à chuter depuis quelques mois. Ces baisses de prix successives s’expliquent avant tout pas celle des cours de l’énergie en Europe.
- On observe donc une baisse de la part de l’énergie dans les coûts de production des fournisseurs européens de PS
- La demande européenne de PS est très faible du fait du ralentissement économique général
- Les plasturgistes transformant du PS ont cherché à se déstocker en fin d’année 2022
- L’hiver est généralement la basse saison pour le PS et le PS-E
L’hiver 2023 devrait donc suivre la même tendance baissière que la fin d’année 2022 pour les prix du PS, mais les producteurs semblent anticiper un retour de l’activité en cours d’année, et donc de la demande. Ils ont en effet tenté de proposer des volumes supplémentaires dans le cadre des négociations sur les contrats d’achat de PS, selon les témoignages d’adhérents de Polyvia.
Il est donc possible que la tendance s’inverse dès le printemps 2023, dès lors qu’un restockage a bien lieu du côté des plasturgistes. Les prix du PS étant extrêmement sensibles aux événements géopolitiques, il semblerait également que les acheteurs du matériau soient exposés à une nouvelle année de montagnes russes.
Une chose est sûre : il y a peu de chances que les prix du PS ne retrouvent leur niveau d’avant la pandémie.
Prévisions de prix pour les polyuréthanes (PU) en 2023
La tendance haussière des prix des grades PU TDI a fini par se heurter à la faiblesse de la demande au cours de l’automne 2022. Les prix des grades PU MDI observent quant à eux une tendance baissière car le marché renoue avec les importations. On constate également que les producteurs européens cherchent à remplir leurs carnets de commandes.
- Les importations de grades PU MDI depuis l’Asie tendent à annuler les effets de la hausse des cours européens du benzène. Les producteurs locaux cherchent à sécuriser les volumes à produire en 2023 en marge des négociations pour l’année à venir, et ce quitte à proposer des baisses de prix.
- Les disponibilités pour les grades TDI demeurent toutefois limitées pour l’Europe sur la fin 2022, mais les volumes à l’import suffisent pour l’instant à couvrir les besoins exprimés par les plasturgistes.
Des secteurs clés de l’aval ralentissent franchement à la veille de la fin d’année. C’est par exemple le cas du bâtiment, mais aussi de l’électroménager. Les producteurs européens de PU, et en particulier ceux qui fabriquent des grades TDI, cherchent à réduire les volumes qu’ils produisent et à écouler leurs stocks.
En 2023, l’orientation des prix du PU dépendra étroitement de la continuité des importations. Si celles-ci venaient à diminuer, des hausses de prix seraient inévitables.
Prévisions de prix pour les polyamides (PA 6 et 6.6) en 2023
La Force Majeure déclarée en avril 2021 sur la production d’adiponitrile (ADN, un précurseur indispensable à la production de PA 6.6) du site de Butachimie à Chalampé est toujours d’actualité, mais cause moins de problèmes qu’au moment de sa survenue. Le montant des surcharges énergétiques appliqués aux prix du PA a tendance à baisser, et les importations viennent également tirer les prix européens vers le bas.
- La demande européenne pour les PA 6 et PA 6.6 est particulièrement faible, et ce depuis plusieurs mois
- Les réductions de production actuelles ne suffisent pas à rééquilibrer le marché
- Des volumes produits en Asie arrivent désormais en Europe, et sont proposés à bon prix. Les volumes importés tendent toutefois à diminuer.
Les plasturgistes européens des secteurs de l’automobile, de l’électrique et de l’électronique ont cherché à se déstocker sur la fin d’année 2022, et il ne semble pas que leurs commandes vont reprendre franchement dès les premiers mois de 2023.
On se dirige donc vers une période de faiblesse de la demande et de l’offre, soit peu de changements en vue. Les marchés européens du PA 6 et du PA 6.6 devraient donc demeurer stables, tous comme les prix de ces plastiques, en tout cas en première partie de 2023.
La seule véritable source de hausses de prix pourrait être une forte augmentation des cours de l’électricité et du gaz naturel. Le tarissement des importations depuis l’Asie ne suffira pas, à lui seul, pour permettre aux producteurs d’imposer des hausses de prix pour les PA 6 et les PA 6.6.
Prévisions de prix pour l’ABS en 2023
Le déclin des précurseurs et monomères utilisés pour produire de l’ABS continue, dans un contexte de faible demande et de disponibilité des volumes à l’import.
- L’offre européenne d’ABS est réduite, mais les volumes disponibles suffisent à couvrir les besoins de l’ensemble des plasturgistes européens.
- Les importations continuent à arriver depuis l’Asie et tirent les prix vers le bas.
- Une reprise des secteurs de la grande consommation et de l’automobile ne saurait être espérée pour le premier semestre 2023.
L’évolution de la météo constitue le seul risque immédiat pour le marché européen de l’ABS – ou en tout cas pour les industriels qui en achètent. Un hiver froid, en particulier en Allemagne, entraînerait probablement une explosion des coûts de production pour ce polymère, et donc des arrêts en séries.
Il faudrait néanmoins que ceux-ci soient très nombreux pour véritablement impacter le marché. Il est également probable que les fournisseurs asiatiques en profiter pour gagner des parts en Europe. On peut ainsi raisonnablement anticiper des baisses de prix de l’ABS à court-terme.
Prévisions de prix pour le polycarbonate (PC) en 2023
Il y a bien des tensions sur l’offre, mais les volumes produits sont pour l’instant suffisant pour honorer les quantités prévues par les contrats 2022. A voire s’il en sera de même pour 2023. La demande et l’offre étant au plus bas, on peut supposer que ce sera le cas.
- Pas de rebond de la demande prévu cet hiver pour le PC en Europe
- Des importations en provenance d’Asie sont proposées à des prix attractifs. C’est également le cas des grades ABS/PC.
- Le cours du benzène devrait continuer à faire baisser les prix du PC en Europe.
Il faut toutefois anticiper une nette détérioration de l’offre européenne de PC au cours de l’hiver à venir, car certains producteurs ont déjà décidé de réduire la voilure. Les acheteurs de PC devraient toutefois pouvoir compter sur les importations pour compenser l’absence relative de leurs fournisseurs européens.
La récente chute des cours énergétiques laisse entendre que les prix du PC pourraient enregistrer de légères baisses au cours des mois à venir, dans la mesure où la crise de l’énergie ne s’aggrave pas. A noter que les producteurs européens vont toutefois tout faire pour équilibrer le marché, quitte à réduire significativement leurs volumes de production et à rompre des contrats.
Les principaux points de vigilance pour les acheteurs de polymères en 2023
Comme évoqué plus haut, plusieurs phénomènes et facteurs économiques pourraient impacter plus ou moins lourdement les marchés européens des polymères en 2023, et donc les tendances de prix du plastique pour l’année à venir.
Voici les éléments à surveiller de près identifiés par le service Performance économique de Polyvia :
- L’évolution du conflit russo-ukrainien et son potentiel impact sur les cours de l’énergie, mais aussi sur la production de polymères techniques en Europe de l’Est.
- Les annonces des producteurs quant à d’éventuels arrêts ou réduction de production en Europe, et ailleurs (Chine, Etats-Unis…).
- Le déroulement de la saison des ouragans dans le Golfe du Mexique, et les éventuelles vagues de froid qui pourraient le traverser. Ces événements climatiques s’accompagnent généralement de nombreux arrêts de production de polymères, et les plasturgistes basés en Amérique du Nord pourraient se retrouver contraints d’aller chercher leurs matériaux ailleurs dans le monde pour remédier aux pénuries locales.
- Les tendances de prix en Asie, pour l’instant baissières en raison du gel de l’économie chinoise. La politique « Zero-Covid » ayant pris fin, il est possible que la demande chinoise de polymères redémarre, et tire les prix vers le haut. Importer des volumes produits en Asie serait alors plus difficile pour l’Europe.
- La reprise – ou non – des secteurs du bâtiment et l’électrique et électronique au printemps 2023
- La crise de l’énergie en Chine, qui risque de provoquer des coupures d’électricité dans certaines provinces, et donc des arrêts de production de substances chimiques clés. Par exemple, les phosphores jaunes utilisés pour fabriquer des retardateurs de flammes utilisés en plasturgie.
- L’évolution des marges de producteurs européens de polymères en général. Plus celles-ci seront réduites, plus le risque d’arrêt de production sera important.