La pression à la baisse sur les prix du PVC ne s’exerce d’ailleurs pas qu’en Europe. Les inquiétudes liées à la prolifération du Covid-19 en Chine pèsent particulièrement sur le marché asiatique. A cela s’ajoute l’approche de la saison des moussons en Inde, qui s’accompagne généralement d’un ralentissement de l’activité industrielle dans le pays.
Prix du PVC : la demande en panne dès le mois de juillet
Les baisses de prix n’ont pas tardé à apparaître en juillet 2022 pour les PVC. Les fournisseurs européens ont d’abord cherché à imposer des rollovers, en s’appuyant sur la « stabilité » du cours de l’éthylène ainsi que sur la hausse des coûts énergétiques. Les acheteurs n’ont cependant pas accepté que les prix du PVC stagnent, et de nombreux fournisseurs ont dû accorder des baisses pour écouler leurs stocks.
Les chutes de prix étaient en fait inévitables, la demande n’étant clairement pas au rendez-vous. La notion de « stabilité » des cours de l’éthylène peut quant à elle être débattue. Le cours contrat du monomère a en effet baisse de 100€/t en début de mois. Plusieurs fournisseurs européens de PVC ont finalement décidé de reporter la variation du cours du C2 sur leurs prix, mais pas pour autant dans sa totalité.
Les baisses de prix les plus importantes ont été accordées en début de mois, lorsque la demande faisait vraiment défaut. La maintenance du pipeline Nord Stream 1, et l’impact que cette dernière a eu sur les marchés de l’énergie, a rapidement fait craindre un énième rebond des coûts du gaz naturel et de l’électricité. La perspective de voir leurs coûts de production augmenter à nouveau a poussé les producteurs européens de PVC à limiter le montant des baisses de prix qu’ils concédaient. Les prix proposés en deuxième partie de mois ont, en général, été allégés de 50 à 60 euros/tonne, soit moins que la baisse du cours de l’éthylène.
De nouvelles baisses de prix du PVC en vue pour août
La demande européenne de PVC ne devrait pas reprendre du poil de la bête en août 2022. Après tout, de nombreux plasturgistes européens vont fermer leurs portes pendant quelques semaines. Il faut également tenir compte du fait que la demande se maintient à un niveau inférieur aux normales saisonnières depuis le début du 3ème trimestre.
Ce ralentissement provient, en grande partie, de l’inflation continue du matériau entre la fin du printemps 2020 et le début du printemps 2022. L’on perçoit toutefois un retournement de l’activité du secteur du Bâtiment, grand consommateur du PVC, avec un nombre moins important de mises en chantier et des perspectives peu encourageantes quant aux futurs projets qui pourraient porter le marché.
Les prix européens du PVC demeurent parmi les plus élevés au monde, et suscitent donc la convoitise d’acteurs basés dans d’autres régions. Il est donc possible que des volumes importés fassent leur apparition sur le marché européen dans les prochaines semaines. Les délais de livraison pourraient toutefois s’allonger en fonction de l’engorgement des ports et des difficultés à trouver camions et chauffeurs. Il est en revanche fort à parier que ces lots soient proposés à bon prix, et contribuent donc à exercer une pression baissière sur les prix européens.
Quelle direction pour les prix du PVC à la rentrée ?
Les producteurs européens de PVC ont néanmoins des stocks à écouler, si possible avant septembre. C’est pourquoi les exportations de volumes produits en Europe ont récemment repris, avec comme première destination la Turquie. Cette stratégie leur permet également de préserver leurs marges en réduisant un peu l’offre sur le continent européen.
Production de PVC : des capacités sous-utilisées en Europe
Ce comportement devrait perdurer en août, ce qui devrait limiter les baisses de prix attendues ce mois-ci. Les capacités européennes de production de PVC ne sont quant à elles pas toutes disponibles. La totalité des sites du premier producteur européen de PVC ne tournent par exemple pas à 100% de leurs capacités. Cela représente plus de 400 000 tonnes annuelles de PVC qui ne seront pas mises sur le marché cette année, dans la mesure où les réductions de production se maintenaient jusqu’à fin décembre 2022.
D’autres producteurs majeurs de la région rencontrent également des problèmes de production. Ces perturbations ne devraient, dans l’ensemble, pas être réglées d’ici la rentrée. A cela s’ajoutent le risque de perturbations logistiques graves, avec notamment l’assèchement du Rhin qui menace d’handicaper non seulement les flux commerciaux de polymères entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud, mais également de rendre plus difficile le refroidissement de certains sites de production allemands.
Prix du plastique : y a-t-il un risque de pénurie cet hiver pour le PVC ?
Si le PVC n’est pas le seul matériau concerné par cette problématique, la moindre perturbation d’un site de production de ce polymère pourrait rapidement se traduire par un arrêt brutal de la tendance baissière que suivent actuellement ses prix. La direction que prendront les coûts énergétiques participera également à défaire ou à confirmer la baisse des prix du PVC en Europe.
En ce sens, l’annonce récente de la réduction des volumes de gaz naturel russe livrés via Nord Stream 1, est de mauvais augure. Les Etats membres de l’Union européenne risquent en effet de ne pas parvenir à stocker suffisamment de gaz pour passer l’hiver 2022-2023 dans de bonnes conditions. La perspective d’assister à des pénuries énergétiques dès l’hiver prochain est donc de plus en plus tangible.
De telles conditions pourraient vraisemblablement pousser certains producteurs de PVC (ou d’autres polymères dont la production est énergivore) à réduire la voilure, ce qui se traduirait par de moindres volumes mis sur le marché. Des hausses de prix seraient alors probables si la demande redémarrait.