Avril : hausses de prix à trois chiffres et faibles disponibilités
La situation de l’offre européenne de PVC s’est sensiblement aggravée en avril dernier. Plusieurs sites de production de PVC et de VCM ont été arrêtés pour maintenance, mais d’autres ont également subi des pannes. Le manque de matériaux sur le marché a donc permis aux fournisseurs de faire passer des hausses de prix bien supérieures à celle de l’éthylène, qui s’est chiffrée à 40 euros/tonne.
Les prix européens du PVC auraient ainsi augmenté de 150 à 170 euros/tonne en avril, selon les grades. Au-delà de ces fortes hausses de prix qui impactent négativement les marges et la trésorerie des plasturgistes, les transformateurs de PVC doivent également faire face à de graves difficultés d’approvisionnement. La plupart des fournisseurs ont en effet placé leurs volumes sous allocations, et celles-ci diminuent d’un mois à l’autre.
Nombreuses sont donc les entreprises qui se retrouvent dans l’incapacité d’honorer la totalité des commandes de leurs clients faute de matériaux à transformer. Les pénuries sont telles que même les plasturgistes ayant contractualisé leurs relations avec leurs fournisseurs ne sont pas épargnés par les allocations de volumes. Certains nous rapportent d’ailleurs que des commandes passées plus d’un mois à l’avance sont finalement retardées seulement quelques jours avant la date de livraison prévue.
Les Forces Majeures précédemment déclarées par Inovyn et Kem One, deux producteurs clés de PVC en Europe, n’ont toujours pas été levées. Si les sites concernés ont bien redémarré, le niveau de production n’a pour l’instant pas retrouvé un rythme normal et les stocks n’ont pas été reconstitués.
Une autre ombre au tableau est celle de la Force Majeure déclarée le 3 mai 2021 par Vynova. Le producteur explique dans un courrier adressé à ses clients qu’un problème technique s’est produit sur son iste de production de VCM de Tessenderlo, aux Pays-Bas. Les capacités de production du site s’en trouveraient donc réduites. L’incident impacterait également la production de PVC des sites de Beek, en Belgique, et Mazingarbe, en France, du pétrochimiste.
Rétrécissement des écarts de prix entre l’Europe et le reste du monde
Un autre facteur à l’origine des pénuries de PVC en Europe est la propension à exporter de certains fournisseurs. Ces derniers ont effet décelé une fenêtre d’opportunité à l’export, puisque les prix du PVC étaient pendant plusieurs mois plus élevés dans le reste du monde que sur notre continent.
Les hausses de prix passées en avril ont cependant considérablement réduit ces écarts de prix. Les prix des grades PVC k67 et K68 pratiqués dans les pays plus au nord de l’Europe seraient désormais équivalents à ceux pratiqués en Chine et en Asie du Sud-Est. Les prix de l’Europe méditerranéenne se rapprocheraient quant à eux des niveaux de prix indiens. Les prix observés en Turquie ou en Egypte demeurent en revanche sensiblement supérieurs aux prix européens.
La tempête Uri avait provoqué l’arrêt de plusieurs sites de production de VCM et de PVC aux Etats-Unis à la mi-février 2021. Ceux-ci ont depuis redémarré, mais les prix nord-américains du PVC ont explosé et se situent à un niveau bien supérieur à ceux observés en Europe. Il est donc peu probable que les fournisseurs basés aux Etats-Unis puissent reprendre leurs exportations vers le vieux continent au mois de mai.
Vers un ralentissement des hausses de prix en mai ?
Les prix européens du PVC devraient, logiquement, être plus élevés que ceux pratiqués à l’étranger. C’est en tout cas l’un des arguments invoqués par certains fournisseurs. Ils atteignent pourtant des niveaux historiques pour la région, une tendance confirmée par les répondants du Baromètre des Matières Plastiques. Les prix des PVC-S ont par exemple largement dépassé leur ancien record, celui de juillet 2018, lorsqu’ils s’étaient fixés autour de 1180 euros/tonne, contre près de 1600 euros/tonne en avril 2021. Il en va de même pour les PVC émulsion, dont les derniers prix records avaient été atteints en octobre 2018 (près de 1600 euros/tonne), et qui se rapprochent aujourd’hui dangereusement des 2000 euros/tonne.
Dans tous les cas, de tels niveaux de prix sont insoutenables à moyen-terme pour les plasturgistes français et européens. Le comportement des transformateurs de PVC a donc changé au fur et à mesure que des hausses de prix successives ont été annoncées. En effet, les donneurs d’ordre des plasturgistes ne sont pas enclins à reporter de telles augmentations sur leurs prix d’achat, les prix de certains grades ayant augmenté de plus de 80% en un an. Les transformateurs n’ont pas d’intérêt à produire si c’est pour renoncer à leurs marges. Certains remettent donc leurs approvisionnements à plus tard.
Il est donc possible que la demande européenne observe un léger déclin en mai. Les fournisseurs pourraient donc avoir du mal à faire passer des hausses de prix à trois chiffres comme ce fut le cas au cours des premiers mois du printemps.