Pouvez-vous nous parler un peu de vous et de votre parcours professionnel ?
L’entreprise Delfingen commence en 1954. Mon père, paysan, souhaitait assurer à sa sœur, qui avait contracté la poliomyélite, un travail artisanal qui lui permettrait de subvenir à ses besoins. Il fît l’acquisition d’une machine à souder haute fréquence et ma tante a commencé à plastifier des papiers d’identité et des permis de conduire. De mon côté, après un parcours scolaire chaotique, j’ai rejoint l’entreprise familiale à la demande de mon père pour contribuer à assurer la pérennité de l’activité. En effet, mon frère aîné qui souffrait de handicap et qui n’avait pas pu apprendre à lire, écrire ou compter avait également besoin d’un travail adapté qui lui assurerait un avenir. L’entreprise s’est progressivement développée. En 1984, nous fabriquions alors des sacs plastiques, nous faisons le choix de sortir de l’artisanat en écoutant le message de Peugeot qui enjoignait ses soustraitants à devenir des leaders et des spécialistes français et européens dans leur domaine. Les tubes ne représentaient que 10% de notre chiffre d’affaires. Nous décidons alors de développer cette activité pour répondre à la demande de Peugeot. Je crois que nous avons eu la grande sagesse d’écouter. En 1996, alors que nous envisagions de nous développer sur la protection des câblages sur l’ensemble du marché des transports et pas seulement automobile au niveau européen, l’un de nos grands clients américains nous annonce qu’il aura besoin dans l’avenir de fournisseurs opérant à un niveau mondial. Je choisis à nouveau d’écouter cette grande compagnie américaine pour me développer au niveau international. Delfingen est aujourd’hui une entreprise employant 2500 personnes à travers le monde qui réalise un chiffre d’affaires de 220 millions. Nous sommes spécialisés sur tous les tubes techniques du marché de l’automobile. Fournisseur de rang 2, nous avons développé le groupe de façon très rapide à l’international. Nous avons réalisé de nombreuses croissances externes pour optimiser notre référencement auprès des industries clientes. Dans cette perspective, notre gamme de produits s’est développée et spécialisée autour de la protection et de l’isolation des câblages électriques des voitures. Nous fabriquons des textiles en plastique tressés/ tricotés. Notre histoire et notre identité sont très axées sur l’écoute clients.
Qu’est-ce-qui vous a conduit vers la filière plasturgie et composites ?
Comme je viens de vous le raconter, je n’y suis absolument pour rien dans mon engagement en plasturgie et dans l’entreprenariat. Ce sont plutôt les accidents de la vie qui ont décidé pour moi.
Quelles sont les spécificités de votre métier / activité de votre entreprise qui vous enthousiasment le plus au quotidien ?
Ce qui me passionne le plus ce sont les hommes. J’ai la conviction que beaucoup de bienveillance vous assure une légitimité indispensable qui autorise que vous soyez exigeant. Cette exigence est précisément ce qui vous permet de ne pas vous faire écraser par la concurrence. Je crois que j’ai été une véritable éponge pour capter les bonnes idées et c’est dans les rencontres que j’ai trouvé le plus de satisfaction. Pour moi, la globalisation des affaires doit être une chance pour l’humanité. C’est pourquoi mon épouse et moi-même avons créé une fondation pour les enfants de nos collaborateurs dans les pays où nous sommes implantés (Philippines, Inde,Chine, Roumanie, Tunisie, Maroc, Mexique, Honduras, etc.)
Fier d’être plasturgiste, qu’est-ce-que cela évoque pour vous ?
Pour avoir vu le plastique arriver lorsque j’étais tout gamin, c’était un produit vraiment merveilleux qui a permis des progrès incroyables en matière d’hygiène, de santé et d’environnement. C’était nouveau et révolutionnaire. Un matériau qui a apporté des bienfaits énormes aux populations. Les pièces réalisées en plastique nous permettent de faire des économies d’énergie considérables par rapport aux autres matériaux comme le verre, l’aluminium, ou l’acier. Celles qui consomment le moins d’énergie sont celles qui sont en plastique. Une pièce en plastique est un ustensile mais c’est aussi un stock d’énergie. A la fin de sa vie, elle peut rendre son énergie. Pour moi, le plastique aujourd’hui c’est un formidable indicateur de notre responsabilité individuelle et collective. Notre société est malade. Malade d’hyper consommation. Mais ce n’est pas le plastique qui est malade, c’est notre société qui marche sur la tête. Les médias font la confusion entre les causes et les effets. C’est notre attitude qui est complètement désordonnée. Et on nie les avantages des plastiques et on voudrait s’en débarrasser, un peu comme si l’on cassait le thermomètre pour ne pas voir que l’on a de la fièvre. C’est un indicateur de la bêtise humaine. Des gens se tuent en voiture, faut-il les interdire ? Encore une fois, on confond les causes et les effets. Le lobby des opposants est tellement fort que notre voix peine à se faire entendre. Je suis fier d’être plasturgiste parce que chaque fois que l’on fait une pièce en plastique, on réduit l’impact négatif sur l’environnement.