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23 mars 2023 - 11H Webinaire en ligne
Polyvia alertait déjà ses adhérents sur la hausse des coûts du transport à l’international en décembre 2020. Les nouvelles en provenance de l’Asie étaient en effet inquiétantes, puisqu’elles se conjuguaient à l’époque à la baisse du niveau de l’eau du Rhin, qui s’accompagne généralement de délais de livraison pour les commandes de polymères des transformateurs. Si le niveau de l’eau du Rhin a depuis trop remonté, causant d’autres problèmes logistiques à la pétrochimie rhénane, la situation asiatique n’a quant à elle pas décanté, bien au contraire.
La forte reprise économique du continent asiatique, et en particulier de la Chine, avait dès l’automne mobilisé la majorité des containers pour le fret maritime encore disponibles à l’échelle mondiale. Leur nombre avait en effet périclité au cours de la crise sanitaire puisque les besoins du secteur du transport international de marchandises avaient chuté. Il en était de même pour les porte-containers. A cela s’ajoutaient également des délais supplémentaires dans les zones portuaires en raison des mesures sanitaires en vigueur.
Ce premier déséquilibre entre l’offre et la demande avait engendré une hausse sensible du cours du fret maritime. L’activité économique a depuis repris en Amérique du Nord et en Europe, mais ces régions du monde se sont rapidement retrouvées dépourvues de containers. Ce rebond de la demande internationale, avec en face une offre toujours sous-capacitaire, a provoqué de nouvelles augmentations des cours du fret. Ces variations de prix se sont ensuite systématiquement reportées sur les prix des polymères importés en Europe, alors que le marché est déjà en situation de pénurie en raison des nombreux incidents de production qui perturbent l’offre locale depuis plusieurs mois.
S’il fallait logiquement s’attendre à une hausse des cours du fret maritime international au vu de la situation décrite plus haut, peu d’industriels, et ce quel que soit leur pays d’origine, ne se sont préparés à affronter une telle explosion des prix.
Ces derniers ont en effet été multipliés par trois, voire par quatre, en fonction des pays de destination des matériaux ou des produits. Il faut également tenir compte du fait que le coût du fret aérien est bien souvent prohibitif pour les industriels européens. Dans tous les cas, ces hausses se sont traduites par des augmentations de prix sur les marchés européens des polymères.
Selon Maersk, l’un des plus grands affréteurs de containers au monde, « la situation actuelle, qui est exceptionnelle de part l’explosion de la demande, a généré des goulots d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement ainsi qu’une pénurie au niveau des équipements. En ce sens, le premier trimestre 2021 devrait [pour Maersk, ndlr] être plus performant que le dernier trimestre 2020 ».
Les experts du marché s’attendaient à l’origine à ce que ces troubles ne s’apaisent d’ici la fin du premier trimestre. Il semble pourtant que ces attentes ne sont pas près de se matérialiser puisque la demande mondiale de containers continue à progresser et que la pénurie, tant pour ces derniers que pour les navires qui les transportent, perdure encore.
Il apparaît désormais que la pénurie de containers et de porte-containers va s’étendre sur la totalité du premier trimestre 2021, voire au-delà. Il faut donc également s’attendre à ce que les cours du fret international continuent à augmenter. Mais pour encore combien de temps ?
D’après Bloomberg, la situation devrait se stabiliser d’ici la fin du premier semestre 2021 dans la mesure où les armateurs déploieront bien toutes leurs capacités et mettront également de nouveaux containers sur le marché.
Pourtant, plusieurs affréteurs continuent de renvoyer des containers vides vers l’Asie plutôt que d’attendre une semaine ou deux pour les remplir avec des biens produits en Europe ou en Amérique du Nord. Si tous les plasturgistes européens n’importent pas de matériaux ou n’exportent pas de pièces, leurs fournisseurs de polymères le font.
L’indisponibilité des containers, qui seraient essentiellement mobilisés pour le marché asiatique, rend difficile l’importation de monomères ou de polymères à l’heure où le marché européen est paralysé par des dizaines de cas de Forces Majeures et d’arrêts de production.
Pour les industriels ayant recours au fret international, il est désormais nécessaire de payer un surcoût non-négligeable pour réserver de l’espace de stockage dans des containers et une place sur des navires. Pourtant, les livraisons à la date initialement prévues ne sont pas garanties étant donné que les ports européens et nord-américains sont congestionnés.
Le Nouvel An chinois aurait dû d’autre part s’accompagner d’un apaisement des tensions sur le marché du fret international, puisque cette période est habituellement synonyme de ralentissement des flux d’exportation de la Chine. La décélération du fret international en provenance de l’Asie s’est cependant avérée négligeable, et les cours ne se sont pas vraiment stabilisés.
En effet, les mesures sanitaires engagées par le pays ont encouragé certains industriels à maintenir leur production malgré le fait que cette période soit ordinairement propice aux vacances. Les ouvriers auraient en effet renoncé à prendre des congés puisque les déplacements sont limités. De même, les entreprises qui ont bel et bien fermé devraient redémarrer leur activité plus tôt que d’habitude afin de combler leurs retards de production. Cela signifie que les marchandises continuent à s’empiler dans les entrepôts chinois, et que leur expédition sera sans doute prioritaire pour les affréteurs de porte-containers pendant encore plusieurs mois.
L’explosion des cours internationaux du fret a empêché les exportateurs de matériaux basés en Asie et en Amérique du Nord de profiter des fenêtres d’arbitrages qui s’étaient ouvertes sur le reste du monde. Les importations de polymères de l’Europe et d’autres régions se sont ainsi taries, ce qui a contribué à faire augmenter sensiblement les prix des plastiques en Europe, dans les Amériques, mais aussi au Moyen Orient ou encore en Afrique.
A cela s’ajoute le fait que certains producteurs ont fait de leurs marchés locaux une priorité, particulièrement en Asie. Nombre d’entre eux se sont également révélés incapables de constituer des stocks suffisamment importants pour palier à une éventuelle crise. La situation du marché européen s’est donc rapidement aggravée au fur et à mesure que la chaîne de valeur de la pétrochimie locale s’est retrouvée bloquée par la multiplication des cas de Forces Majeures et des arrêts de production. Une situation similaire est d’ailleurs apparue aux Etats-Unis, mais les arrêts de production y ont été causés par une vague de froid intense qui s’est abattue sur le Golfe du Mexique.
Les prix des PVC à l’import ont ainsi fortement augmenté de part et d’autre du globe. Ceux de l’ABS atteignent des niveaux historiques dans plusieurs régions du monde, dont en Europe où ils ont dépassé le niveau record de mars 2017 dès le mois de février 2021. Ceux des PS n’ont pas été aussi élevés depuis plusieurs années. Les prix des grades PET pour la fabrication de bouteilles auraient quant à eux augmenté de plus de 40% entre novembre 2020 et février 2021.
En ce qui concerne les prix européens des polyoléfines, c’est-à-dire les polymères les plus utilisés à l’échelle mondiale, les industriels ont dû faire face à d’incroyables hausses de prix, comprises entre 35% et 40% selon les grades depuis décembre 2020, en raison de l’absence des importations de matériaux produits en Asie et au Moyen Orient.
De toutes les régions du monde, la Chine est la moins affectée par ces hausses de prix, bien que ces derniers augmentent aussi. Seuls les prix des PEBD et des ABS ont réellement explosé, les premiers ayant atteint leur plus haut niveau depuis cinq ans et les second un record historique, comme en Europe.
La Chine a en effet bénéficié de ses ajouts de capacités de production conséquents pour les PP, les PEHD et les PEBD-L. Ces nouveaux volumes, pour la plupart rendus disponibles entre le deuxième semestre 2020 et le début de l’année 2021, ont contenu les hausses de prix puisqu’ils n’ont que très peu été exportés.
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