Polymères : le point sur les Forces Majeures et les arrêts de production

27 octobre 2022
La pétrochimie européenne est encore sous le coup de plusieurs cas de Force Majeure, alors que la rentrée s’accompagne de plusieurs cycles de maintenance. Si l’impact de ces arrêts est moindre pour certains matériaux, comme les polyoléfines, il est d’autant plus paralysant pour le PET.
Prix du plastique et Forces Majeures

Quelle direction pour les prix du plastique dès septembre 2022 ?

Le marché européen des polymères n'en finit pas d'être perturbé. Après avoir connu une période catastrophique entre 2020 et 2021, durant laquelle les cas de Force Majeure et les arrêts de production se sont multipliés, les plasturgistes sont désormais confrontés à l'impact de la hausse des coûts énergétiques sur les prix et la production de polymères en EUrope. 

Les plasturgistes, qui ont affronté des conditions extrêmes pendant plus d’un an, tant en termes de prix que de pénuries de matériaux, s’attendaient à ce que la rentrée 2021 se traduise par un apaisement des tensions, au moins pour certains polymères.

La situation semble effectivement se tasser pour les commodités, comme le polyéthylène (PE), le polypropylène (PP), le PET ou le polystyrène. Le calme n'a cependant pas duré.

Les tensions sur l'offre ont persisté pendant l'automne et l'hiver 2021, et les fournisseurs ont fait leur possible pour ne pas céder de baisses de prix trop importantes. Les adhérents de Polyvia témoignaient d'ailleurs à l'époque de l'incertitude qui régnait déjà sur les différents marchés des polymères, notamment en raison de la première crise de l'énergie. 

Vous pouvez en savoir plus sur l'impact des pénuries de matières et les hausses de prix sur la plasturgie française en consultant le Panorama 2020/2021

Le déclenchement du conflit russo-ukrainien a rapidement mis fin à tout espoir de retour au calme sur le marché européen de la pétrochimie. La guerre en Ukraine s'est en effet traduite par une nouvelle flambée des prix de l'électricité et du gaz naturel et menace également d'encourager certains producteurs de polymères à réduire, voire à arrêter leur production

L'ensemble de ces facteurs ont tirés les prix du plastique vers des sommets, si bien que l'Europe est devenue une région particulièrement attractive pour les fournisseurs basés ailleurs dans le monde. Importer des volumes s'avère cependant compliqué, et ce même si ces derniers sont proposés à des prix attractifs. Il est en effet toujours difficile d'affreter des conteneurs, et le coût de la location de ces derniers peut être rébarbatif. Il faut également compter sur un allongement conséquent des délais de livraison causé par les pénuries de conteneurs et de porte-conteneurs pour les transporter, l'engorgement des ports européens, les pénuries de chauffeurs routiers et... les pénuries de palettes !

Alors, quelle direction les prix du plastique vont-ils suivre au cours de l'automne 2022 ?

Polyoléfines : des prix défiant la chute des cours des monomères

Les baisses de prix dont les acheteurs de PE et de PP ont pu profiter pendant l’été semblent désormais lointaines. Les producteurs européens de polyoléfines cherchent en effet à préserver leurs marges, et les négociations sur les prix de ces polymères pour octobre se sont surtout orientées vers des rollovers, voire de légères hausses de prix.

Les cours des monomères ont pourtant continué à suivre une tendance baissière en octobre. Les prix de l’éthylène ont en effet chuté de 45€/t au début du mois, et ceux du propylène ont baissé de 50€/t.

La situation de l’offre semble également se compliquer, avec des réductions de production plus nombreuses, et surtout des cas de Force Majeure en France. Les négociations à venir devraient être plus complexes pour les acheteurs de PEHD, de PEBD-L et de PP que pour les transformateurs de PEBD et d’EVA. Les seconds pourraient réussir à obtenir de légères baisses de prix, alors que les premiers vont devoir composer avec les tensions sur l'offre.

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Polystyrène : le calme avant la tempête ?

Le cours contrat du styrène n’a augmenté que de 9€/t début octobre. On observe cependant que les cours spot ont varié plus fortement (+22% entre le 1er et le 21 octobre, selon le Platts). La situation de l’offre européenne de styrène s’avère également inquiétante. Les volumes de production ont en effet été réduits pour permettre aux producteurs européens de s’aligner sur la demande. Les nouvelles en provenance des Etats-Unis ne sont guère meilleures, puisque les producteurs de styrène qui y sont basés ont eux aussi arrêté des sites pour se prémunir de la hausse des coûts de production.

Les prix européens du styrène ont pourtant continué à baisser, a priori de 50€/t dans la plupart des cas. La plupart des producteurs européens de PS ont en effet tenu compte de la chute des cours du gaz dans le calcul de leurs prix. A noter que les fournisseurs de PS sont également confrontés au ralentissement de la demande pour ce matériau en Europe.

Les prix du PS ne devraient pas trop varier en novembre, à moins qu’une hausse brutale des coûts de l’énergie ne survienne à l’orée de l’hiver. Il faut cependant anticiper des mouvements haussiers pour les mois les plus froids.

Prix du PET : un marché à l’équilibre et une tendance baissière

Le marché européen du PET entre dans sa basse saison. Les prix du PET suivent donc une tendance baissière, alors que le marché est à l’équilibre. Si la demande est faible, l’offre l’est aussi. Les plasturgistes ayant besoin de mettre la main sur les volumes ont toutefois plusieurs solutions pour y parvenir, et nombre d’entre eux font le choix d’importer du PET produit ailleurs qu’en Europe.

Ces volumes sont en effet proposés à bien meilleur prix que ceux produits sur le sol européen. Les producteurs locaux de PET n’ont donc d’autre choix que de s’aligner sur la concurrence, d’où des baisses de prix pour l’ensemble du marché.

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