Prix du plastique : les marchés du PET vierge et du PET recyclé sous tension

13 septembre 2022
Un marché du PET vierge un peu plus calme en septembre, mais de véritables craintes pour la filière rPET. Alors, quelles tendances de prix à la rentrée et cet hiver ?
Prix du plastique : quelles tendances de prix pour le PET vierge et le PET recyclé en septembre 2022 ?

A noter également que la tendance haussière suivie par les prix européens du PET recyclé est apparue en janvier 2021. Le rPET était alors vendu entre 800 et 1200€/t selon les spécificités des grades, quand les prix actuels du plastique évoluent entre 2200 et 2500€/t.

Prix du plastique : turbulences sur le marché du PET vierge

En somme, le marché européen du PET vierge est perturbé depuis de longs mois. Les origines de ces turbulences ont néanmoins évolué entre juillet 2021 et septembre 2022.

Eté 2021 : absence de concurrence, faiblesse de la demande et hausses de prix du plastique

L’été 2021 s’était caractérisé par l’absence quasi-totale des importations, sur lesquelles le marché européen du PET vierge se repose habituellement pour couvrir en partie les besoins estivaux. La période juin-septembre est en effet la « haute saison » pour le marché du PET, puisqu’elle s’accompagne généralement d’une forte progression des segments de l’eau minérale, de la boisson et du snacking.

2021 étant l’exception qui confirme la règle, le rebond attendu de la consommation de PET vierge n’a pas eu lieu. En cause : le mauvais temps et l’incertitude des consommateurs sur fond de pandémie. L’absence de concurrence étrangère a toutefois permis aux producteurs européens de PET vierge d’imposer de légères hausses de prix dès juillet, et ce malgré la faiblesse de la demande.

Septembre 2021 : retournement de situation pour le marché européen du PET

Surprise totale. Le cours du paraxylène, le principal précurseur du PET, n’avait pourtant presque pas bougé en début de mois. Les fournisseurs de PET vierge ont pourtant réclamé de nouvelles hausses de prix du plastique. Si celles-ci étaient modérées, elles ont néanmoins pris de court les plasturgistes, qui s’attendaient à ce que les prix du PET ne varient pas.

La situation de l’offre s’était en effet brutalement inversée entre l’été et la rentrée. L’ouragan Ida était en effet passé par les Etats-Unis et avait semé sur son passage une nuée de cas de Forces Majeures. En somme, importer du PET vierge depuis l’Amérique du Nord était devenu impossible. Les lots provenant d’Asie étaient quant à eux proposés à des prix exorbitants.

Par ailleurs, l’offre européenne se trouvait désormais contrainte par plusieurs cycles de maintenance, notamment en Lituanie mais surtout en Belgique. Plusieurs producteurs avaient également réduit leurs rythmes de production pour répondre à la faiblesse de la demande. Celle-ci avait pourtant repris du poil de la bête dès la rentrée, contrairement aux attentes des différents acteurs du marché.

L’automne a ensuite été ponctué par plusieurs problèmes de production en Europe. Au-delà des maintenances et réductions de production pour le PET, des perturbations supplémentaires sont également apparues en amont de la chaîne. Des arrêts de production ont notamment été signalés sur le PTA, un autre précurseur du PET, au Portugal et en Pologne.

Hiver 2021-2022 : retour des pénuries de PET

Si la demande européenne de PET vierge a ralenti à l’approche des fêtes et a été timide tout au long de l’hiver, les tensions sur l’offre ont continué de peser sur le marché. Les pénuries de plastique étaient telles que les producteurs ont réussi à imposer des hausses, quoique modérées, aux plasturgistes.

Confrontés au manque criant de disponibilités, les transformateurs de PET n’avaient d’autre choix que d’accepter ces augmentations de prix. On espérait en revanche un apaisement du marché pour le printemps 2022.

Il reste des places pour la Journée Achats Matières de Polyvia !

🏭 2021 s’est avérée difficile pour les acheteurs de la plasturgie, 2022 s’achève sous de mauvais augures.

💶 En effet, les prix du plastique se maintiennent à des niveaux élevés, et ce malgré les baisses observées cet été pour certaines familles de matériaux. A cela s'ajoutent les augmentations de prix de l'énergie, des transports, des papiers et cartons et d'autres postes d'achat. Le tout sur fond d'incertitude toujours plus pesante !

📈 Quelle direction les prix des polymères vont-ils prendre après l’accalmie et, dans certains cas, les baisses de la rentrée ? Quel sera l’impact de la crise de l’énergie sur vos achats de matières premières ?

Quelles réponses apporter également aux autres défis ? Mieux comprendre la géopolitique, décortiquer la transition vers l’économie circulaire des plastiques à l’heure où les matériaux recyclés sont rares et coûteux, lutter plus efficacement contre le plastic bashing, se mettre à l’heure de la RSE, s’approprier les outils numériques…

🚀 La Journée Achats Matières de Polyvia a pour ambition de vous apporter des éléments de réponses pour chacun de ces sujets avec non seulement ses propres experts (Thierry CHARLES, Aurélien Brunet et Thomas Willemart), mais également des intervenants d'envergure, parmi lesquels ICIS, l'association La Fresque de l'économie circulaire, le groupe ADEO ou encore l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques.

🗓 N'hésitez plus et rejoignez-nous, ainsi que vos confrères de la plasturgie déjà inscrits, le 13 octobre 2022 📍 au Mans (CCI LE MANS SARTHE) !

 

Mars 2022 : panique et fortes augmentations de prix du plastique  

Contrairement à celle de 2021, la météo de 2022 s’est avérée beaucoup plus clémente et a permis un rebond sensible de la demande européenne de PET vierge. L’offre régionale ne s’était malheureusement pas améliorée entre temps. Des maintenances de sites clés, basés en Turquie et en Espagne, ont achevé de perturber le marché.

La situation s’est en effet suffisamment aggravée pour que plusieurs fournisseurs ne décident de placer leurs volumes sous allocation. Les producteurs cherchaient par ailleurs à imposer des hausses de prix à trois chiffres en mars afin de répercuter la hausse des coûts de l’énergie sur l’aval de la chaîne de valeur du PET.

Les effets de la guerre en Ukraine se sont en revanche estompés dès avril. Finies les hausses exorbitantes, mais de légères augmentations quand même. Contre toute attente, la demande des plasturgistes n’a pas été au rendez-vous au printemps dernier. Le déséquilibre du marché ne s’est donc pas accentué.

La faiblesse de la demande fut telle que les fournisseurs de PET vierge ont dû accorder des baisses de prix importantes en mai. L’offre du polymère s’était en effet stabilisée, avec des stocks suffisants pour la plupart des producteurs.

Eté 2022 : les prix du PET font les montagnes russes

Les perturbations ont cependant signé leur grand retour en juillet 2022, entraînant des hausses de 100€/t pour le PET vierge en Europe.

En cause, les réductions de production de certains pétrochimistes et des problèmes survenus en amont de la chaîne, avec des pannes sur certains sites de production de paraxylène, un précurseur du matériau. En somme, les tensions sur l’offre et le retour de la demande estivale ont engendré des hausses plus franches en juillet qu’en juin, où les prix avaient déjà un peu augmenté.

Les augmentations auront en revanche été de courte durée. Les prix européens du plastique ont en effet chuté de 10% en moyenne en août 2022, pour se fixer autour de 1650€/t. Si l’offre européenne ne s’est pas forcément améliorée à la fin de l’été, les plasturgistes ont néanmoins pu profiter d’importations en provenance d’Asie et de la Méditerranée. Dans certains cas, les écarts de prix entre les volumes produits en Europe et les volumes importés ont pu être importants.

Quelle direction pour les prix du plastique en septembre 2022 ?

La crise de l’énergie continue de faire rage en Europe et, comme pour les autres polymères, les producteurs européens de PET vierge ont tendance à vouloir préserver leurs marges. Si cela ne leur a pas été possible en août dernier, il est en revanche peu probable qu’ils n’accordent de baisses de prix en septembre. Il apparaît que l'ensemble du secteur se prépare à un regain des tensions en raison des craintes liées à l'impact probable de la guerre en Ukraine sur les cours de l'énergie cet hiver.

Ce mois-ci marque en effet la fin de la haute saison et la demande de PET devrait sensiblement ralentir à partir de la deuxième quinzaine du mois. Les producteurs devraient pour leur part maintenir leurs réductions de production tout l’automne, tant pour se prémunir de la hausse des coûts énergétiques que pour s’aligner sur la demande.

Il en ressort que le marché européen du PET vierge devrait être équilibré en septembre. Les disponibilités ne devraient pas être trop mauvaises, dès lors que la demande ralentit. Attention toutefois à l’évolution de la crise de l’énergie. Une fin d’automne et un hiver froids sont synonymes d’explosion des coûts énergétiques, et donc d’éventuels arrêts de production pour l’ensemble des polymères.

PET recyclé : des arrêts de production à l’horizon ?

Comme évoqué plus haut, les prix européens du rPET ont tendance à augmenter depuis plus d’un an et demi. Les hausses ont été telles que les prix du PET recyclé dépassent, parfois de beaucoup, ceux des grades vierges.

Pris entre le marteau et l’enclume, à savoir des clients qui ont de plus en plus de mal à accepter des hausses tarifaires et des fournisseurs qui poussent pour imposer des augmentations de leurs prix de vente, les plasturgistes doivent faire le choix entre deux matériaux dont les coûts ont explosé.

La situation n’est guère plus facile à naviguer pour les recycleurs de PET, qui font face depuis de longs mois à des augmentations sans précédent de leurs coûts de production : électricité, main d’œuvre mais aussi, et surtout, déchets.

Evolutions réglementaires : des échéances qui pressurisent les prix du plastique recyclé

La Directive de l’UE sur les emballages plastiques à usage unique (Directive SUP), ainsi que Stratégie Economie Circulaire et ses deux plans d’action, dont le dernier a pris effet en 2022, ses objectifs d’amélioration de la gestion des déchets et sa « Plastic Tax » sont autant d’échéances et de durcissements du cadre réglementaire relatif à l’utilisation d’emballages plastiques. En somme, produire des emballages à usage unique à partir de polymères vierges va coûter plus cher, car ceux-ci seront taxés, ou sera interdit dans certains cas.

Ces mesures ont été prises dans le but de promouvoir et de développer l’utilisation de matières plastiques recyclées au sein de l’Union européenne. Parce que cette utilisation est en partie contrainte, elle va logiquement susciter une forte progression de la demande pour ces matériaux.

Les échéances, pour celles qui ne sont pas déjà passées, arriveront rapidement. Aussi la demande de polymères recyclés a-t-elle déjà fortement augmenté. Le PET recyclé, qui est quasiment le seul matériau issu du recyclage mécanique à pouvoir être utilisé pour le contact alimentaire, est la matière plastique recyclée la plus consommée en Europe.

Les volumes de production ne peuvent malheureusement pas progresser aussi vite que la demande. Encouragés tant par le cadre réglementaire que par leurs donneurs d’ordre, ou même par leurs propres stratégies RSE, les plasturgistes européens ont commencé à utiliser de plus en plus de rPET sur la période 2020-2022.

Crise de l’énergie : tensions sur la production de plastique recyclé

Comme pour le PET vierge, on a pu assister à un véritable phénomène de pénurie de plastique recyclé. Celles-ci se sont traduites par de fortes augmentations de prix du rPET, avec lesquelles les transformateurs doivent encore composer aujourd’hui. Contrairement au marché du PET vierge, celui du PET recyclé n’a pas l’air près de se stabiliser. Il apparaît en effet que certains recycleurs sont de plus en plus écrasés par l’augmentation de leurs coûts de production. Il leur faudrait désormais arbitrer entre maintenir leur activité, ou arrêter temporairement de produire.

Connectez-vous à l’espace adhérent pour lire la suite de l’article.