Quelle stratégie des producteurs si la demande de polymères ne rebondissait pas ?
Si la demande ne rebondissait pas à la rentrée, les producteurs européens de PE et de PP pourraient décider de réduire encore plus leurs volumes de production, voire d’arrêter carrément certains de leurs sites. On n'est donc pas à l'abri d'assister à des arrêts pour maintenance, voire à des déclarations de cas de Force Majeure.
Une telle situation est d’autant plus envisageable que la plupart des groupes ayant décidé de ralentir leur production ont annoncé qu’ils ne la relanceraient pas avant que « les choses ne reviennent à la normale ». Il semblerait également que certains fournisseurs cherchent à rompre des contrats avec leurs clients. Un nombre de contrats trop important les enjoindrait en effet à maintenir la production pour en respecter les termes.
Prix du plastique : des baisses et de l’incertitude en septembre
La chute à trois chiffres des cours des monomères en début de mois laisse pressentir de baisses de prix comparables pour le polyéthylène et le polypropylène. La situation s’avère compliquée en amont de la chaîne de valeur de ces polymères. Les coûts de l’énergie ont récemment atteint de nouveaux sommets et la demande des marchés finaux n’a pas l’air de reprendre du poil de la bête.
Les stratégies semblent différer selon les fournisseurs. Les baisses de prix seront probablement plus importantes pour le PP que pour le PE, ce premier marché pâtissant toujours de l’absence écrasante de la demande du secteur automobile.
La chaîne de valeur de la plasturgie européenne en proie à de nombreux problèmes
L'incertitude et l'inflation générées par la guerre en Ukraine continuent par ailleurs de peser sur l'ensemble des marchés finaux de la plasturgie, à part peut-être le secteur médical.
Les prix européens demeurent néanmoins plus élevés que ceux pratiqués dans d’autres régions du monde. Les prix du plastique sont par exemple moins élevés en Chine qu’en Europe, avec un spread important entre les deux régions.
Si ces différences de prix sont révélatrices de l'inflation subie par l'Europe, elles rendent en principe la région plus attractive pour les pétrochimistes basés en-dehors de l'UE. C'est sans compter les perturbations logistiques et la progression du coronavirus en Chine ! L'engorgement des ports européens, étasuniens et chinois est tel que Dow Chemicals a annoncé une réduction de 15% de sa production de PE à l'échelle mondiale, comme le rapport le Platts dans son article du 24 août 2022.
Un autre problème propre à l’Europe est celui de la disparité flagrante entre les prix spot et les prix contrat des monomères. Les prix spot C2 étaient ainsi inférieurs de 600€/t aux prix contrat en août. L’écart était de 850€/t pour le C3 sur la même période.
Ce sont donc les cours spot des monomères qu’il faut surveiller au cours des prochains mois pour savoir si les prix du C2 et du C3 vont réellement repartir à la hausse.
La logique voudrait que la chute des cours des monomères soit reportée sur les prix du plastique. Certains fournissent cherchent pourtant à éviter cela.
Connectez-vous à l’espace adhérent pour lire la suite de l’article